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Le manga Hoshi dans le jardin des filles, publié dans le magazine FEEL YOUNG (Shôdensha) a remporté de nombreux prix, dont la première place du célèbre concours « Kono manga ga sugoi ! » en 2021.
Une requête passionnée de Keigo SHINZO, qui est fan, a rendu possible un entretien avec son autrice, Yama WAYAMA.

Comment dessinez-vous votre manga ?

Shinzô : Personnellement, je dessine tout à la main, et vous ?

Wayama : Moi, je dessine mes couvertures numériquement, mais pour Hoshi je dessine à la main avant de poser les aplats de noir et les trames par ordinateur.

Shinzô : Les gris semblent avoir été peints à l’aquarelle, ça aussi c’est numérique ?

Wayama : Oui ! Et vous, qu’est-ce que vous avez déjà dessiné numériquement ?

Shinzô : Absolument rien ! Et comme je dessine tout à la main, les trames coûtent cher. Une feuille de trames coute environ 420 yens, alors plus personne ne dessine uniquement comme ça.

Wayama : C’est vrai. C’est plus agréable de faire du dessin traditionnel, et quand je vois le produit fini je me dis qu’il vaudrait mieux travailler comme ça.

Shinzô : Je suis curieux de savoir comment vous êtes arrivée à votre niveau de dessin. Est-ce que vous dessiniez beaucoup quand vous étiez étudiante ?

Wayama : C’était surtout un passe-temps, je ne faisais que des croquis ou des portraits de célébrités

Shinzô : Vous dessiniez votre acteur préféré ?

Wayama : Je dirais plutôt que je le faisais pour faire plaisir aux autres. Une amie à moi était une fan de groupes de visual key, et alors que je n’y connaissais rien je lui ai dessiné des portraits de membres de groupes. C’est comme ça que j’ai commencé à faire des portraits et à sans arrêt dessiner des visages. Par extension, je dessinais aussi des scènes de films.

Shinzô : Est-ce que vous dessiniez en regardant le film, ou quelque chose comme ça ?

Wayama : C’est ça. J’essayais autant que possible de dessiner en prenant pour modèle des choses réelles. Je prenais aussi en photo mes propres poses. Je ne voulais pas dessiner à partir de mon imagination des choses que je ne maîtrisais pas vraiment.

Shinzô : Et vous portiez des costumes ?

Wayama : Ah non je n’en mettais pas (rire).

Shinzô : Je trouve que les hommes en costume que vous dessinez ont vraiment l’air cool ! Est-ce que vous avez toujours aimé les gag mangas ? Mais vous ne dessinez pas avec l’intention de faire ce genre de manga, n’est-ce pas ?

Wayama : Non, c’est plutôt de l’humour de la vie de tous les jours. Les mangas humoristiques absurdes sont durs à écrire.

Shinzô : Ce que j’aime que dans Hoshi, c’est que chaque histoire se suffit à elle-même, et que c’est amusant peu importe où on commence sa lecture. Ce sont des histoires ordinaires sur un professeur et ses élèves, mais même si ce sont des récits du quotidien ils sont drôles, c’est génial. Comment vous viennent ces idées ? Celle du garçon scarabée, par exemple.

Wayama : A chaque fois vraiment, je ne m’en souviens tellement pas que je suis incapable de vous répondre. Quand j’ai envoyé cette histoire, l’éditeur M. m’a dit que j’étais folle, ça m’a marqué. Je me suis demandé « ah bon, vraiment ? ». Au début je comptais utiliser un hamster, et pas un scarabée.

Shinzô : c’est mignon.

Wayama : Mais si on y réfléchit de manière réaliste, ce serait compliqué de garder un hamster dans une salle de classe, et je me suis dit qu’un scarabée marcherait mieux.

Shinzô : Je tire souvent mes dessins des aventures de Hiroto de mes propres expériences, mais je me demande d’où viennent vos idées. Je suis très curieux, mais je suppose que vous ne vous en souvenez pas, n’est-ce pas ?

Wayama : Hm, c’est vrai. Les choses dont je ne me souviens pas ne viennent sans doute pas de vraies expériences.

Shinzô : Vous vous êtes dit que ça serait marrant qu’il y ait un scarabée dans un album de classe, ou quelque chose comme ça ?

Wayama : D’abord je me suis demandé : « qu’est-ce que le professeur Hoshi détesterait entendre de la part de ses élèves ? ». J’ai pensé à « j’ai vu votre album de classe », et c’est parti de là.

Shinzô : ça a donc commencé comme ça.

Wayama : Je me suis dit « quel genre d’album de classe serait intéressant ? », mais j’ai trouvé que tout ça prenait une mauvaise direction en commençant à devenir un sujet de discussion sur internet, donc j’ai finalement mis le holà quand le professeur Kobayashi ramasse tous les autocollants.

Shinzô : Ça arrive souvent en dessinant des mangas. C’est comme aux échecs. Vous jouez, vous jouez, puis au bout d’un moment il ne reste vraiment qu’un coup possible.

Autoportrait de YAMA WAYAMA

Nom : Yama WAYAMA

Née le : 25 janvier 1995
Je suis l’autrice de la série Hoshi. Enchantée ! ♪ Je suis prépubliée dans le magazine FEEL YOUNG (Shôdensha). Ma première prépublication date de 2020, et mon premier tome relié a été Muchûsa, kimi ni. ♪ J’ai commencé à dessiner des mangas en première, en essayant au crayon. C’est en terminale que je me suis mise à dessiner sérieusement sur des feuilles dédiées au manga. Mes premiers lecteurs étaient un ami et son père. J’étais vraiment une lycéenne lambda, j’avais des amis et je dessinais beaucoup. Dans ma classe, j’étais un peu transparente.

Nom : Keigo SHINZO

Née le : 23 janvier 1987
Je suis l’auteur de Hirayasumi. Enchanté ! ♪ Je suis actuellement prépublié dans Big Comics Spirits (Shôgakukan) ♪ Ma première prépublication date de 2009, et mon premier tome relié a été L’auto-école du collège Moriyama (Shôgakukan) ♪ J’ai commencé à dessiner des mangas en quatrième année de primaire. J’ai utilisé de l’encre et du papier dédié au manga pour la première fois en deuxième année de lycée. Mon premier lecteur a été mon frère aîné, il trouvait ça intéressant. Je suis allé dans un lycée artistique où il n’y avait que cinq garçons, et nous avons grandi avec une amitié très soudée. On restait à l’école jusqu’à ce qu’on nous dise de rentrer. On allait en vélo au konbini, on s’amusait beaucoup.

Wayama : Et vous, comment vous est venue l’idée de Hirayasumi ?

Shinzô : Je suis tombé malade l’an dernier, et comme j’ai dessiné pendant mon hospitalisation, je ne voulais pas me plonger dans la négativité et je voulais dessiner des choses qui me mettent de bonne humeur. Je me suis alors souvenu que j’avais toujours voulu habiter dans une maison de plain-pied. Je parlais souvent avec mon éditeur, M. Nishi, de ma difficulté à me faire des amis quand je suis devenu adulte et quand j’étais étudiant, et en enlevant toute cette négativité pour la transformer en quelque chose de positif, je suis arrivé à Hirayasumi. J’y ai créé une maison où il fait bon vivre, avec des amis à proximité, même une fois adulte.

Wayama : Je vois, c’est peut-être pour ça que la lecture est aussi agréable. C’est la même chose dans Hoshi, je ne veux pas dessiner de harcèlement, de médisances, ou toutes ces choses que je déteste quand je repense à ma propre jeunesse. Je ne pense pas qu’il soit juste pour moi de dessiner tout ça, ce ne sont pas des choses dont les gens devraient simplement pouvoir rire.

Shinzô : Je comprends. Est-ce que vous êtes allée dans une école pour recueillir des informations ?

Wayama : En fait, je dessine en me remémorant mes années lycée. Je pense qu’entre mon époque et maintenant, l’atmosphère, l’ambiance et les choses qu’aiment faire les lycéens n’ont pas tellement changé. Mais j’essaye de ne pas incorporer de termes ou de choses à la mode.

Shinzô : Ah bon ! Vous n’essayez pas de rendre ça moderne ?

Wayama : Ce qui est à la mode change tout le temps, surtout chez les lycéennes, et au moment de sa sortie le manga risquerait de déjà faire ringard. Je dessine la tension ou autre tel quel, mais j’essaye de ne pas mettre des mots, des coiffures ou des choses que l’on peut identifier comme moderne. Comme dire « c’est claqué » pour dire que c’est nul. J’ai trop peur que ça soit devenu incompréhensible dans dix ans. Ah, mais j’ai quand même dessiné Tapioca (rire).

Shinzô : Il y aussi des espèces de petits dessins à la fin des bulles, comme un visage renfrogné. C’est une bonne idée… En vérité, j’ai piqué l’idée en dessinant.

Wayama : Je suis contente, c’est un honneur !

Shinzô : Ah ça me rassure. Je ne sais pas ce que j’allais faire si vous n’étiez pas d’accord.

Wayama : Je m’en réjouis d’avance. Si ça avait été possible j’aurais aimé aller dans des écoles et parler avec des professeurs, mais avec l’épidémie de covid c’est un peu compliqué. Mais j’ai fait des recherches sur le quotidien des professeurs sur internet, et j’ai lu les commentaires des professeurs qui répondaient à des questions comme « que font d’ordinaire les profs dans telle situation ? » sur Yahoo! Answers.

Shinzô : Je vois. L’autre jour je suis allée au stand de pêche qui a servi de modèle à celui où travaille Hiroto et j’ai demandé aux employés comment ils passaient leur journée. Vous n’aimez pas ne pas vérifier que quelque chose se passe effectivement de telle manière, c’est ça ?

Wayama : C’est ça.

Shinzô : Si on ne fait pas attention on peut se retrouver avec des emplois du temps complètement irréalistes. Par exemple, dans la vraie vie, les filets contre les oiseaux sont enlevés vers 6h, le magasin ouvre à 8h et le travail continue jusqu’à la fermeture à 18h, mais si faisais faire ça à Hiroto ce serait un peu dur non ? Je me suis dit que s’il rejoignait une entreprise familiale en tant qu’employé à temps partiel, j’arriverais à une journée plus normale. J’ai fait beaucoup de recherches.

Wayama : Et grâce à ce travail de fond très complet, Hirayasumi est une lecture où tout paraît naturel.

Ce que vous pouvez ou non dessiner

Shinzô  : Je ne dessine dans mes mangas que des expériences personnelles, ou des choses auxquelles je peux m’identifier. Je ne pense donc pas que je pourrais dessiner un manga de sport, de science-fiction ou d’action. Quand Hideki est devenu parent et qu’on m’a proposé de dessiner au sujet des difficultés d’élever un enfant, j’ai refusé car je n’ai pas moi-même eu un enfant.

Wayama : Je ne pense pas pouvoir dessiner du sport ou des choses avec beaucoup de mouvement, déjà parce que ça ne m’intéresse pas à la base. En fait je pense qu’au lieu de dire « je dessine ça parce que ça me plaît », il serait plus juste de dire « je ne peux dessiner que ça ».

Shinzô : Comment ça vous ne pouvez dessiner que ça  ?

Wayama : Aujourd’hui je suis libre de dessiner ce qui me plaît, mais plutôt que dire « lisez s’il vous plaît, j’ai dessiné ce qui me chantait ! » je pense qu’il vaut mieux dire « voilà ce que je suis capable de produire ». J’ai le sentiment de faire de mon mieux avec ce que je suis capable de dessiner pour le moment.

Shinzô : Vous êtes modeste…

Wayama : Si je dessinais des choses qui me plaisent vraiment, je me demande si le ressenti serait différent. Mais je garde en tête qu’il faut que ça soit lu, et je pense que c’est le mieux que je puisse faire pour le moment.

Shinzô : Quand vous parlez de « faire de votre mieux », je suppose qu’il y a plein d’aspects  ; le travail, le développement de l’histoire, la caractérisation… Mais que voulez-vous dire exactement  ?

Wayama  : Dessiner les personnages est ce sur quoi je place le plus d’importance…C’est-à-dire que je ne suis pas très douée pour dérouler un scénario. Je me demande si j’ai atteint ma limite quant à l’étendue de l’histoire. Je ne pense pas pouvoir dessiner l’étendue du monde, rien qu’en terme de mes propres connaissances.
Shinzô : Je vois.
Wayama : Bien sûr au début je voulais dessiner la vie de tous les jours, mais si je voulais aller plus loin dans ce que je dessine, je pense que je serais obligée d’apprendre plus de choses, d’étudier davantage. Mais en ce moment, je ne me sens honnêtement pas de le faire. Je dessine aujourd’hui en faisant de mon mieux avec mes capacités.

Shinzô  : Vous êtes vraiment très humble… Sur le bandeau du tome 1, vous avez écrit « j’adore Hideki ! », n’est-ce pas  ? Dans le second tome, il y a une histoire qui parle de l’envie de devenir acteur de Hiroto, qui est venue d’un film qu’il a autrefois tourné avec Hideki, j’ai vraiment envie que vous la lisiez  !

Wayama : J’ai envie de la lire tout de suite  !

Shinzô : Je l’ai dessinée en pensant à quand vous la liriez.

Wayama : J’ai vraiment hâte.

Galerie commentée

HIRAYASUMI © 2021 Keigo SHINZO / SHOGAKUKAN • ONNA NO SONO NO HOSHI © 2020 Yama Wayama / Shodensha Publishing Co., Ltd.